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Infections Respiratoires Fongiques

Séparés par des virgules

Epidémiologie

L'épidémiologie des infections respiratoires fongiques au cours de la mucoviscidose constitue une de nos préoccupations majeures.

Notre unité a en effet rapporté : la fréquence relativement élevée dans ce contexte clinique de S. apiospermum et, à un moindre degré, d'A. terreus, données qui sont aujourd'hui confirmées dans de nombreuses études réalisées en Europe, mais aussi aux USA ou en Australie ; la capacité d'autres espèces aspergillaires comme A. lentulus ou Neosartorya pseudofischeri à coloniser de manière chronique les voies respiratoires des patients;  ou plus récemment l'émergence de certaines espèces thermophiles dont Rasamsonia argillacea, R. brevistipitata et R. aegroticola. Néanmoins, vraisemblablement en lien avec les modifications climatiques, on constate une modification du panel des espèces fongiques isolées, avec l'émergence de nouvelle espèces. Nous maintenons donc notre attention pour la détection d'espèces fongiques émergentes pour lesquelles il nous faut préciser la fréquence, déterminer la sensibilité aux antifongiques et définir les conséquences cliniques.

L'identification des facteurs de risque de colonisation chronique des voies respiratoires par des moisissures, mais aussi de sensibilisation ou d'infections respiratoires, demeure un autre de nos objectifs.

Parallèlement, bien que les répercussions cliniques de la colonisation des voies aériennes par des champignons reste controversée, il semble de plus en plus évident qu’elle participe à la réaction inflammatoire et ainsi à la dégradation progressive de la fonction respiratoire, du moins lorsqu’elle est chronique. Le développement de méthodes de typage rapides et fiables reste nécessaire pour différencier un portage récurrent, mais transitoire, d’une véritable colonisation chronique, objectif dans lequel s’inscrit la thèse de Abdelmounaim Mouhajir.

La prévalence de la colonisation pulmonaire par P. jirovecii, champignon opportuniste, chez ces patients varie en fonction des régions (21,6% à Séville vs. 7,4% à Munich et 1,3% à Brest). Les données actuelles méritent d’être complétées par des études multicentriques sur des cohortes de patients plus importantes en particulier celles issues de la région du grand- ouest. La forte prévalence de la primo-infection à P. jirovecii, champignon transmissible (60-100% avant l’âge de 4 ans) suggère que les nourrissons représentent un vaste réservoir. Un projet multicentrique, financé par l’union européenne [Common Agricultural Policy Regionalised impact (CAPRI), ERA-Net LAC, CAPRI-PC HID -0254] est mené sur la primoinfection et l’excrétion potentielle de P.jirovecii par les nourrissons dans leur environnement De même, la circulation de P. jirovecii entre les voies respiratoires de toutes les populations infectées et leur environnement aérien de proximité doit être explorée. Dans ce contexte, l’identification génotypique est essentielle notamment pour l’investigation des infections nosocomiales et communautaires.

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